Un documentaire produit par le SELL présente la mixité comme une formidable richesse pour le jeu vidéo
En France, 47% des joueurs sont des joueuses. Pourtant, et malgré ce chiffre en constante progression, la parité n’est pas encore atteinte au sein de l’industrie. Néanmoins, et grâce à de nombreuses initiatives des différents acteurs du secteur, un changement positif s’opère depuis plusieurs années.
On compte aujourd'hui en France moins de 15% de femmes dans les studios de création de jeux vidéo contre 12,3% en 2014 (Source SNJV). Ce jeune secteur reste encore très souvent masculin, même si depuis des années des femmes ont marqué et marquent encore sa récente histoire. On songe évidemment à Roberta Williams à l'origine de la célèbre saga King's Quest, Amy Hennig derrière la série des Uncharted, ou bien encore l'emblématique Bonnie Ross à la tête du studio 343 Industries en charge des récents jeux Halo.
Jeux vidéo : trop peu de femmes aux manettes
Mais pas besoin de faire le tour de la planète pour rencontrer des femmes qui œuvrent au développement de l'industrie du jeu vidéo. En France, Jehanne Rousseau, Directrice Générale du studio Spiders, Sophie Legrand, Directrice Artistique chez Cyanide en charge du prochain jeu Call of Cthulhu, Sachka Duval, scénariste sur le jeu Dishonored 2 chez Arkane Studios ou encore Laetitia Jaeck, Directrice Générale Adjointe du studio Ankama… sont quelques-unes des femmes qui participent au développement de l'industrie, et démontrent que le talent se conjugue aussi au féminin dans le monde du jeu vidéo.
Et même si des centaines d'autres femmes œuvrent dans l'ombre au sein des studios et des différentes entreprises qui composent l'écosystème du jeu vidéo en France, elles demeurent pour le moment minoritaires, et peinent à gagner en visibilité auprès du grand public. On observe également que des femmes talentueuses restent parfois volontairement en retrait, tandis que des profils masculins tendent à accepter plus facilement la visibilité et la médiatisation publique.
Par ailleurs, dans une industrie en pleine expansion, où de nombreux postes sont à pourvoir, on peut légitimement s’interroger sur la difficulté à recruter des profils féminins dans les studios.
Des formations nombreuses et souvent méconnues des femmes
"Il y a clairement un manque d’information sur les métiers possibles au sein de l’industrie et sur les formations liées, et le jeu vidéo a également une image sectorielle encore très masculine" explique Julie Chalmette, Présidente du SELL. Les joueurs sont aujourd'hui à 47%... des joueuses selon le dernier rapport du SELL/GfK (L’Essentiel du Jeu Vidéo, octobre 2017) et les jeux vidéo ne sont clairement plus un loisir exclusivement masculin. Cependant, les formations qui mènent à ces métiers sont encore méconnues, et souvent connotées masculines, confortant certains parents ou enfants que cette filière n’est pas destinée aux femmes. Une idée tenace qui a un impact lors des orientations scolaires ou des choix de formations. Fortes de ce constat, plusieurs femmes de l'industrie se sont associées afin de créer, à l'instar de ce qui existe déjà aux Etats-Unis - Women in Games France.
Promouvoir les métiers du jeu vidéo pour toutes et tous
"La proportion de femmes en école de jeux vidéo est assez variable en fonction des cursus et des écoles, mais elle dépasse rarement 20% des effectifs détaille Julie Chalmette Vice-Présidente de l'association, ce qui peut expliquer en partie la faible mixité de notre secteur". Pourtant, il existe en France de très nombreuses formations qui préparent aux métiers du jeu vidéo. Women in Games France se donne ainsi pour mission de les promouvoir auprès des plus jeunes. Le but : montrer l'incroyable diversité et la richesse de ce secteur, et susciter des vocations chez les étudiantes.
En 2017, l'école Isart Digital compte 35% de filles contre 23% en 2012. Pour la seule formation en jeux vidéo, les effectifs sont passés de 15% de filles en 2012 à 27% cinq ans plus tard ! Toujours à l'Isart, la seule formation Game Art est composée cette année d'une majorité de femmes (51%) ! Ces chiffres illustrent la tendance de fond d’une progressive féminisation du secteur. "La prochaine génération de femmes à entrer dans la vie professionnelle est une génération de joueuses, se réjouit Julie Chalmette, et elles s’orienteront peut-être plus naturellement vers notre secteur".
Un mouvement qui devrait naturellement s'accélérer, accompagné par l'action d'associations comme Women in Games France mais aussi par la volonté de toute une industrie de s'ouvrir et d'attirer à elle tous les talents sans distinction de sexe. Il s'agit pour toutes et tous de faire découvrir et de promouvoir les nombreux métiers qui composent ce paysage en perpétuelle mutation.
Comme d'autres industries avant elle, le jeu vidéo doit faire de sa diversité et de sa mixité sa richesse. C'est aussi à cette condition, et en rejetant toute forme d'ostracisme, de sectarisme ou de sexisme, que le secteur pourra revendiquer une maturité que d'autres ont acquis avant lui, bien souvent grâce aux combats de femmes déterminées à revendiquer une légitime égalité de traitement.